Village sans prétention est la 100e fiche publiée sur le Portail CAPS. Nous avons discuté avec Coline Barbay, l’accompagnatrice de cette fiche, sur la place de la capitalisation d’expériences en promotion de la santé dans sa pratique, ainsi que de l’intérêt du projet et de la fiche qui en résulte.
Coline Barbay
Chargée d’ingénierie et de projets en promotion de la santé à l’Ireps Grand Est.
Implantée sur tout le Grand Est, l’Ireps Grand Est est une association de loi 1901 qui participe à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé et à l’amélioration de la santé des populations par une offre de services de qualité et de proximité en promotion de la santé.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis chargée d’ingénierie et de projets en éducation et promotion de la santé au sein de l’Ireps Grand Est. J’ai notamment pour mission d’accompagner les acteurs et décideurs dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de projets ou de politiques publiques. Cela peut recouvrir une variété de milieux de vie (milieu scolaire, milieu pénitentiaire, milieu du travail, commune/quartier…), de thématiques (alimentation et activité physique, compétences psychosociales, conduites addictives, santé environnement…), de publics (enfants, adolescents, parents, personnes en situation de handicap, personnes en situation de précarité…) et d’échelles (locale jusque régionale).
Vous avez participé à la première formation CAPS, en 2021. Comment cette formation à la capitalisation a-t-elle modifié votre pratique professionnelle ?
J’ai effectivement eu l’opportunité de participer à la première session de formation sur la Capitalisation des expériences en promotion de la santé proposée par la SFSP et l’EHESP. Au préalable, l’Ireps Grand Est avait déjà la volonté de développer la capitalisation des expériences en promotion de la santé dans la région, percevant le potentiel de cette nouvelle approche, et cette volonté n’a fait que se renforcer.
Si les accompagnements documentaires et méthodologiques, ainsi que les appuis aux politiques, proposés par l’Ireps s’appuient sur les connaissances et compétences des acteurs pour l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de leur projets, ces savoirs expérientiels restent trop souvent confidentiels, conservés individuellement par chaque structure, voire par équipe de professionnels accompagnée, sans se disséminer. La capitalisation s’inscrit donc en complémentarité, permettant de visibiliser, valoriser les acteurs et leurs projets, et de partager les savoirs qu’ils ont acquis au fil de leurs expériences. Cela peut inspirer d’autres acteurs, voire améliorer la qualité et l’efficience de leurs projets en leur permettant d’anticiper et éviter d’éventuels écueils rencontrés et identifiés dans les projets capitalisés.
De plus, les analyses transversales de plusieurs capitalisations revêtent à nos yeux une réelle plus-value. Elles permettent de se concentrer de façon approfondie sur un aspect donné des interventions en promotion de la santé, que ce soit un thème, un public, un type d’action menée, voire une stratégie. Il est ainsi possible de mettre en lumière des enseignements transversaux aux différentes interventions capitalisées et de formuler des repères pratiques pour l’action, spécifiques à la thématique ou à la stratégie étudiée. Au sein de l’Ireps Grand Est, nous avons par exemple décidé de nous intéresser tout particulièrement à la participation, cruciale en promotion de la santé, et de futurs projets sont d’ores et déjà envisagés.
Nous allons également réaliser une formation auprès d’agents de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de notre région sur les enjeux de la capitalisation des expériences en promotion de la santé, afin qu’ils puissent s’emparer de ce nouvel outil qu’est la capitalisation et que celle-ci soit intégrée comme une aide à la décision dans les politiques publiques.
Pouvez-vous nous présenter le projet que vous avez accompagné et la fiche de capitalisation qui en résulte ?
Cette (100ème !) fiche de capitalisation porte sur le Village sans prétention, un lieu de vie semi-collectif situé à Nancy qui accueille douze personnes en situation de grande marginalité, c’est-à-dire chroniquement ou durablement à la rue. Elle s’intéresse plus spécifiquement à la dimension participative, qui est un pilier de ce dispositif expérimental. En effet, la participation est au cœur du fonctionnement du Village et de la réinsertion progressive de ses habitants, notamment grâce au renforcement de leur empowerment.
Cette fiche s’inscrit dans un projet plus large de capitalisation de cinq démarches participatives inédites et/ou répondant à des critères de qualité identifiés par la littérature, qui aboutiront à une analyse transversale. Nous avons la volonté de présenter une variété de modalités et stratégies participatives avec différents publics au travers de ces cinq capitalisations, pour inspirer et ouvrir le champ des possibles en matière de participation.
Il s’agit de comprendre le « comment » de la participation (comment émerge-t-elle dans un projet, comment est-elle mise en œuvre…) et d’identifier les freins et les leviers des démarches participatives (ex. stratégies politiques, pratiques professionnelles organisation logistique, …) à partir des expériences observées en Grand Est. Notre objectif est de permettre à tout acteur, de terrain ou institutionnel, de pouvoir s’approprier ces enseignements et les intégrer dans ses pratiques : que ce soit dans la mise en œuvre d’un projet, dans l’élaboration d’un appel à projets, d’un cahier des charges, etc.
Cette démarche de capitalisation a donc un double intérêt : valoriser des actions régionales engagées dans des démarches innovantes, ainsi que mettre en lumière et prendre en compte les mécanismes concrets de la participation dans la mise en œuvre opérationnelle de projets ou politiques publiques en promotion de la santé.
Dans le cadre de ce projet, nous avons suivi la méthodologie CAPS tout en adaptant les outils proposés (ex. grille d’entretien, trame de fiche de capitalisation) pour répondre aux enjeux spécifiques de la capitalisation de démarches participatives, et plus largement aux enjeux stratégiques et de communication pour le développement de la capitalisation en Grand Est.
