La Maison des livreurs de Bordeaux, un projet de soutien aux travailleurs des plateformes numériques de livraison de repas

La Maison des livreurs de Bordeaux a ouvert ses portes en janvier 2023 à l’initiative d’un collectif d’associations afin de soutenir ces travailleurs, particulièrement exposés aux risques professionnels et psychosociaux. Elle propose un lieu ressource dédié permettant de se reposer, créer du lien entre pairs et bénéficier d’un accompagnement global dans l’accès aux soins, aux droits et à la prévention. Ce projet associatif repose sur des principes fondamentaux de la promotion de la santé incluant une vision holistique de la santé et l’engagement communautaire. La présente capitalisation a pour objectif d’éclairer comment cette approche communautaire s’est-elle construite et développée au sein du projet. Plus précisément, il s’agit de répondre aux questions suivantes : Quelles stratégies ont été déployées pour assurer l’implication des livreurs au projet ? Comment les associations porteuses parviennent-elles aujourd’hui à faciliter et renforcer cette implication ? Quelles sont les principales difficultés rencontrées et les leviers mobilisés pour y remédier ?

03/12/2025

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La Maison des livreurs de Bordeaux

La Maison des livreurs de Bordeaux

Jonathan L’Utile Chevallier
Coordinateur de la Maison des livreurs de Bordeaux
jonathan.lutile@lamaisondeslivreurs.org

Présentation de la structure

La Maison des livreurs de Bordeaux (Maison des Livreurs), association loi 1901, a été créée en janvier 2023 à l’initiative d’un collectif d’associations afin d’offrir un lieu de repos et d’accompagnement aux travailleurs des plateformes numériques de la métropole bordelaise. Ces travailleurs, avec des origines, des parcours et des réalités très divers, peuvent se rencontrer au quotidien dans cet espace et construire des liens sociaux, des solidarités et du soutien collectif. Au printemps 2025 la Maison des Livreurs comptait près de 500 livreurs adhérents, majoritairement des personnes originaires des pays d’Afrique Subsaharienne, d’Asie centrale, d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud. Ces travailleurs, aussi bien en France que partout ailleurs, sont fortement contraints par le modèle du « travail uberisé » imposé par les plateformes. Ils sont très souvent en situation de précarité, isolés et éloignés des dispositifs sociaux et sanitaires présents sur le territoire[1].

La Maison des Livreurs est dirigée par un bureau collégial composé d’acteurs associatifs, dont l’Association de Mobilisation et d’Accompagnement des Livreurs, AMAL, collectif de livreurs métropolitains et partenaire privilégié du projet. Sous ce modèle de gouvernance partagée, les représentants d’AMAL sont co-responsables du coordinateur salarié et co-décident de ses missions prioritaires. De plus, ils élaborent et animent les actions de la Maison des Livreurs en collaboration avec le coordinateur salarié et les différents acteurs et structures partenaires du projet (cf schéma plus bas).  Quant au fonctionnement quotidien du lieu, le coordinateur salarié assure les ouvertures du lundi au vendredi de 14h à 19h et les bénévoles d’AMAL les samedis et dimanches au même horaire. Ils accueillent, informent et participent à l’animation du lieu, tout en créant du lien avec les premiers concernés. Les autres quatre structures porteuses sont : Médecins du Monde ; CoopCycle Association, Dedale et Etu’Recup. Le projet aujourd’hui est essentiellement financé par la Fondation de France. Il compte aussi avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde, la mairie de Bordeaux et Bordeaux mécènes solidaires.

Repérée comme un lieu de sociabilisation incontournable, la Maison des Livreurs accueille quotidiennement entre 50 et 80 livreurs. Le lieu permet de se reposer, créer du lien avec d’autres livreurs et bénéficier d’un accompagnement global dans l’accès aux soins, aux droits et à la prévention. Les actions proposées incluent des permanences juridiques, des consultations médicales et paramédicales et de la médiation en santé, ainsi que des ateliers collectifs en matière de prévention. Les livreurs ont aussi la possibilité de venir réparer leur vélo, se former aux usages du numérique et être soutenus dans leurs projets d’insertion professionnelle (accès à un emploi stable et à la formation).



[1] Office of the High Commissioner for Human Rights, Report of the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Olivier De Schutter – The working poor: a human rights approach to wages du 13 juillet 2023 (A/HRC/78/175);  OHCHR 2023.