Hangover Café

Le Hangover Café est un dispositif mobile de prévention et de réduction des risques liés à l'usage d'alcool et psychotropes festifs, intervenant les nuits du jeudis, vendredis et samedis auprès du public jeune en milieu festif bordelais.

Animé par deux professionnels du CEID Addictions, l'équipe est renforcée par deux volontaires du service civique pour ajouter la dimension d'une approche préventive par les pairs. Le dispositif mobile permet d’aller au contact du public cible, le suivant dans ses déambulations festives.

09/03/2022

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Richard François
Chef de service et coordinateur du dispositif
f.richard@ceid-addiction.com

Pingrenon Kathleen
Animatrice de prévention

Présentation de l’intervention

Présentation de la structure

Le CEID Addictions[1] – Comité d’Étude et d’Information sur la Drogue et les Addictions, est une association gérant 9 CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) en Gironde, dans le Béarn et en Dordogne. Ses activités principales concernent l’accueil et la prise en charge des personnes présentant des problèmes liés à des usages de produits ou à des pratiques addictives. L’association reçoit 6 800 personnes par an pour des problèmes d’addictions. Le Hangover Café est porté par le CSAPA de Bordeaux géré par le CEID Addictions.

Contexte

Depuis 2006 et la création du groupe de travail Festiv’attitude[2], la mairie de Bordeaux a engagé une réflexion sur les contextes festifs, leurs relations avec les voisinages et les consommations à risques. L’objectif de ces réflexions a été d’accompagner les pratiques festives bordelaises afin d’en réduire les risques et d’apaiser les relations entre les habitants de Bordeaux et le jeune public en milieu festif.

Dans ce cadre, une Enquête sur les rites d’​alcoolisation des jeunes dans l’espace public bordelais a été réalisée en 2009 par le CEID Addictions et le centre de ressources DAADD [4] (Dispositif d’Appui Drogues et Dépendances). L’objectif de cette enquête était de comprendre les comportements festifs à Bordeaux, ainsi que de proposer un ensemble de projets de prévention.

Dans le sillage de ces réflexions, en 2017, la mairie de Bordeaux met en place le dispositif Bordeaux La Nuit. Ce dispositif partenarial vise à mettre en place une politique globale de la nuit qui s’appuie sur l’enquête produite en 2009 ainsi que sur cinq commissions thématiques (Vie nocturne, Aménagements, Cultures et loisirs, Économies de la nuit et Usagers de la nuit), le conseil de la nuit qui regroupent des acteurs institutionnels, économiques et associatifs et une équipe de « référents nuit » dans les services municipaux. Ce dispositif a notamment pour fonction de proposer et de mettre en œuvre, à travers ses membres, un plan d’action concret, dont la mise en œuvre de différents projets de réduction des risques liées à l’alcool (RDRA). Dans ce cadre, la mairie de Bordeaux finance depuis 2010 plusieurs projets de prévention en vie nocturne :

– Les maraudes de Tendance alternative festive (TAF) réalisées par l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA). Une équipe de médiateurs et de services civiques interviennent en prévention et promeuvent la RDR liés à des produits addictifs, notamment l’alcool, sur les espaces publics festifs bordelais.

L’installation d’éthylotests au sein de 12 établissements de la nuit partenaires, permettant aux personnes d’évaluer leur état d’alcoolisation et leur capacité à conduire leur véhicule.

– La tenue de stands de prévention au sein de discothèques et festivals partenaires. Le personnel des établissements et les bénévoles des festivals sont également formés autour des questions d’alcool, des produits stupéfiants et maladies sexuellement transmissibles.

La sensibilisation par des équipes mobiles de bénévoles lors d’événement festifs (fête de la musique, festival Hors-Bord).

– De 2013 à 2016, le Somm’enbus, réalisé par l’équipe de l’ANPAA, espace d’accueil et de repos aménagé, intervenant les jeudis, vendredis et samedis soir, sur différents lieux festifs de Bordeaux.

C’est dans ce cadre que le projet Hangover Café a vu le jour. Ce dernier s’inscrit donc dans une politique globale de santé publique visant les objectifs généraux de prévention des risques et de réduction des dommages sur les lieux festifs de Bordeaux.

Objectif

L’objectif principal du Hangover Café est de proposer un lieu d’accueil et de repos mobile et de promouvoir la réduction des risques (RDR) associés aux consommations de substances psychoactives (principalement l’alcool) auprès du public jeune (lycéens, étudiants, jeunes professionnels…) en milieu festif.

Calendrier

Principaux acteurs et partenaires

Principaux éléments saillants

Émergence du projet

A partir de 2007, le CEID Addictions s’est engagé dans des actions de préventions et de RDRA au sein d’établissements de nuit et de festivals bordelais. Par ailleurs, l’Enquête sur les rites d’​alcoolisation des jeunes dans l’espace public bordelais conduite en 2009 a permis de constater que :

  • des étudiants bordelais de première année découvraient un nouveau milieu festif, testaient leurs limites, et se mettaient en danger. Ainsi de jeunes bordelais errant seuls en état d’ébriété, ou ayant consommé des stupéfiants, étaient victimes d’accidents, de vols ou d’agressions.
  • le public jeune suit un « trajet festif », partant des bars de l’hypercentre en début de soirée pour rejoindre différentes boîtes de nuit sur d’autres lieux de la ville à partir de 23h.

Face à ces constats, l’ANPAA (devenue depuis Association Addictions France) de Gironde a été sollicitée en 2012 par la mairie de Bordeaux et l’ARS de Nouvelle-Aquitaine pour proposer une action de RDRA auprès du public jeune en milieu festif. Pour répondre à cette demande, elle a mis en œuvre de 2013 à 2016 le Somm’enbus[5].

Le Somm’enbus était un espace d’accueil et de repos destiné au public jeune en milieu festif, aménagé dans un bus qui intervenait de minuit à l’aube, les jeudis, vendredis et samedis soir, sur des lieux festifs de Bordeaux. Le dispositif proposait un accompagnement, des couchettes et de quoi se restaurer. L’équipe était constituée d’un coordinateur, de 3 animateurs, d’un infirmier, 1 volontaire en service civique et de 2 secouristes. Cette action a par la suite été arrêtée en raison de plusieurs difficultés constatées par l’équipe du Somm’enbus : nombre de couchettes limité, possibilité de se positionner sur un seul lieu par nuit, nécessité d’avoir un chauffeur avec un permis bus disponible la nuit. Du fait de la « stagnation » du dispositif, et de l’accueil sur couchettes de personnes en situation de vulnérabilité, des vols ont également été constatés.

Fort de cette expérience, et dans son prolongement, le CEID Addictions a été sollicité par la mairie de Bordeaux pour proposer un dispositif mobile nocturne intervenant auprès du public jeune en milieu festif et prenant en compte les différents freins rencontrées lors de la mise en œuvre de Somm’enbus.

Le Hangover Café en quelques mots

Ce dispositif mobile est un espace de repos, qui offre des services de prévention et de réduction des risques. Le minibus se déplace au fil de la nuit, suivant le mouvement de la fête. Conductible avec un permis B, le véhicule peut être conduit par un membre de l’équipe, évitant les contraintes liées à la mobilisation d’un conducteur de bus (horaires, coûts, législation plus contraignante). L’équipe du Hangover Café intervient d’octobre à juin, de 22h à 6h le jeudi, ainsi que de 23h à 7h le vendredi et le samedi, suivant le rythme et l’année scolaire des étudiants.

L’équipe est constituée d’un animateur à temps plein, de deux infirmières à mi-temps, et de 4 jeunes en services civiques. Deux binômes de jeunes en service civique alternent les nuits de travail de manière à se reposer. De même pour les infirmières. Chaque soir, l’équipe du Hangover Café intervient auprès de 150 à 200 jeunes chaque nuit.

Hangover Café – CEID Addictions

La mobilisation de personnes en service civique, eux-mêmes étudiants ou jeunes professionnels, permet d’intervenir auprès d’un public jeune à travers une approche par les pairs[6]. En effet, le responsable du Hangover Café a pu constater que l’intervention auprès du jeune public bordelais d’intervenants plus âgés peut produire un décalage qui rend le public moins à l’écoute des différents messages.

Deux agents de sécurité interviennent sur le dispositif. Un agent est présent dès l’ouverture du Hangover Café, puis il est rejoint par un second agent à partir de 2h. Leur présence permet de rassurer le public et de prévenir les risques d’agressions.

Afin d’être auprès des jeunes bordelais, le Hangover Café se déplace durant la soirée, se rendant sur les principaux points d’affluence. Dans un premier temps, le dispositif se rend vers 22h sur la place Victoire, au centre de Bordeaux. Ce lieu de rencontre permet aux jeunes bordelais de se retrouver et de boire un verre dans l’un des nombreux bars qui entourent la place. Dans un second temps, du 2h à 7h, l’équipe se rend sur les quais de Paludate ou aux Bassins à flot, où se situe un nombre important d’établissements de nuit.

Lorsque le Hangover Café s’arrête sur un lien, des chaises pliantes et des tables sont temporairement installés à l’extérieur du bus, avec une tonnelle pour protéger du vent ou de la pluie. L’intérieur du véhicule est réservé aux personnes qui auraient besoin de soins ou d’un soutien psychologique important. Une couchette à l’intérieur du minibus et à l’abri des regards est prévue à cet effet. Des couvertures sont également disponibles pour les personnes qui seraient en hypothermie.

Pratiques et postures professionnelles 

Durant leurs interventions, les professionnels du Hangover Café respectent un certain nombre de principes que sont la prise en charge globale, non restreinte à un type de consommation, un accueil et un accès aux soins inconditionnels et sans jugement. Comme l’explique François Richard, chef de service et coordinateur du dispositif : l’objectif est de sensibiliser et d’accompagner les personnes afin qu’elles minimisent les risques tout au long de la soirée, et de réaliser une « prévention tertiaire » : une fois que le mal est fait, éviter qu’il soit aggravé par d’autres facteurs que la consommation.

L’équipe du Hangover Café questionne les pratiques de consommation des jeunes rencontrés, les interrogeant sur leurs expériences de consommation ou sur les objectifs et limites qu’elles se sont fixées. L’équipe aborde alors avec elles différentes recommandations et méthodes « simples » pour réduire les risques, comme une hydratation continue, être accompagné, ou encore prévoir quand et comment rentrer chez soi.

L’équipe informe également que le Hangover Café est un lieu d’accueil et de repos où il est possible d’échanger et trouver du soutien. Il arrive également que l’équipe soit prévenue qu’une ou plusieurs personnes soient en difficulté. Dans ce cas-là, un des deux agents de sécurité se déplace afin d’accompagner la ou les personnes vers le Hangover Café afin de consulter l’infirmière.

« Nos outils de travail, c’est l’écoute et l’approche expérientielle : on se base sur ce que nous dit la personne, ce qu’elle nous raconte de ce qu’elle fait, de ses pratiques, de quelles sont ses motivations à consommer, et on l’accompagne dans son cheminement. »

François Richard, Chef de service et coordinateur du dispositif

Les services proposés

Au sein du dispositif, chaque professionnel à la charge de différentes tâches :

  • L’animatrice, ainsi que les volontaires en service civique, ont pour rôle principal d’aller vers les jeunes présents autour du bus. C’est notamment en première partie de soirée, où deux binômes de volontaires en service civique interpellent les groupes qui sont assis ou discutent à proximité. Lors des échanges, l’équipe présente le dispositif comme un lieu de repos et de « pause », distribue des outils de RDR (tests d’alcoolémie, boissons sans alcool, préservatifs, etc.), et invite à une réflexion sur une soirée plus « safe » : consommation, prise de risque, solidarité, retour au domicile…
  • L’infirmière propose des soins pour les personnes en difficulté (blessés, en hypothermie, ivres). Sa présence permet de rassurer, d’apporter des premiers soins, d’orienter si nécessaire vers les services d’urgence. Elle invite également ceux qui le souhaitent à faire le point sur leurs consommations s’ils souhaitent être orientés ou accompagnés par des professionnels de CSAPA ou de CJC. La nuit étant le révélateur des différents mal être, elle peut réorienter vers les services de soins psychique, vers les services d’aide, ou en cas de prise de risque sexuel après une évaluation vers les services ad hoc.

« On tenait à ce que ça soit un endroit où ils rencontrent des professionnels de l’addictologie, on voulait des professionnels confirmés, qui connaissaient les problématiques addictives et qui puissent répondre professionnellement à ces questions-là. »

François Richard, Chef de service et coordinateur du dispositif

 

Mobilisation du public

L’objectif de l’équipe du Hangover Café est de sensibiliser un maximum de personnes jeunes en milieu festif et que le bus soit reconnu et identifié comme un lieu de repos et de sécurité. Les profils des personnes rencontrées sont de jeunes adultes, étudiants ou professionnels, parfois des lycéens. Il arrive également à l’équipe de rencontrer des personnes un peu plus âgées qui ont aussi des pratiques festives.

Aller vers les bénéficiaires L’équipe du Hangover Café suit une méthode construite à partir de son expérience de terrain pour interpeller et sensibiliser les jeunes en milieu festif. Dans un premier temps, l’objectif est d’entrer en contact avec des petits groupes, facilitant l’écoute et l’attention. L’équipe aborde les personnes en offrant des boissons non alcoolisées, des gâteaux, des jeux rapides tels que des quizz sur des thématiques en s’appuyant sur des campagnes de prévention nationales (Mois Sans Tabac, Dry January, Journée du Sida) ou avec des lots à gagner (pochettes avec des préservatifs, bouchons d’oreilles, etc.). Sans être intrusifs mais sans avoir peur de déranger, les intervenants abordent en utilisant l’humour ou via la musique diffusée par le bus du Hangover Café. Pour intervenir auprès des étudiants, les services civiques, étudiants ou jeunes professionnels, sont mobilisés pour aller vers leurs pairs, pour les informer et les sensibiliser.  

Pour l’équipe du Hangover Café, le principal écueil à éviter est d’être perçue comme des moralisateurs, qui jugeraient ou sermonneraient.


Accueil du public

Afin d’accueillir au mieux et un maximum de personnes sur le dispositif, plusieurs règles ont été établies. L’idée principale est de permettre un brassage constant et d’éviter les stagnations et attroupements autour du dispositif. L’atmosphère calme et conviviale favorise la fréquentation du public jeune et la tenue d’échanges avec l’équipe.

« L’idée, c’est vraiment de faire le point sur la situation, évaluer la situation des personnes, et très vite qu’ils puissent rentrer chez eux ou continuer leur soirée dans de bonnes conditions. »

François Richard, Chef de service et coordinateur du dispositif

Toujours dans un objectif de brassage et de volonté de rester un lieu de pause, la consommation d’alcool ou de stupéfiants n’est pas permise sur le dispositif. Le Hangover Café est conçu comme un lieu de transition, un point de rendez-vous et de passage facilement identifiable. Les personnes concernées viennent ainsi principalement en début de soirée, entre deux parties de soirée ou avant de rentrer chez elles.

D’après l’équipe du Hangover Café, les personnes qui restent plus longuement sur le dispositif sont pour la plupart dans une situation de mal-être (solitude, tristesse, angoisse, « bad trip »). Il arrive également que des personnes en situation de forte précarité se rendent au Hangover Café. Si elles échangent avec l’équipe, elles restent peu de temps sur le dispositif, notamment du fait du « décalage » avec les étudiants et jeunes professionnels présents sur les lieux. Pour accompagner ce public, des évaluations puis des orientations vers les services compétents (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD), Samu Social, pharmacies distribuant du matériel d’injection stérile) sont réalisées, en accord avec les personnes.

Enfin, des actions de communication sur les réseaux sociaux complètent l’action, via la gestion par les jeunes en services civiques d’une page Facebook[7] et d’un compte Instagram. Des informations sur les horaires et emplacements du dispositif y sont partagées, ainsi que des recommandations sur les manières de réduire les différents risques lors des soirées festives ou encore des contenus de sensibilisation sur les relations sexuelles et affectives.

Partenariats

Des liens constants avec la mairie et la préfecture

Afin de stationner sur les emplacements d’intervention, l’équipe du Hangover Café doit obtenir l’autorisation des services municipaux Le CEID Addictions est donc continuellement en lien avec Ville de Bordeaux afin de pouvoir intervenir dans les nouveaux lieux de fête identifiés. Actuellement, le dispositif peut stationner sur une dizaine de lieux.

La mairie de Bordeaux, particulièrement dynamique et impliquée dans la mise en œuvre des projets prévention et de RDR en milieu festif, invite le CEID Addictions. à participer notamment à plusieurs commissions dans le cadre du projet Bordeaux La Nuit. Cette participation lui permet, d’élaborer avec les différentes parties prenantes (préfecture, représentants des bars et établissements de nuit, pompiers, services d’urgence, police, associations étudiantes, sanitaires, etc.) des projets de prévention, de partager son expérience terrain, de faire évoluer les représentations des jeunes en milieu festif, de sensibiliser à l’importance de la prévention et promotion de la santé. Par ailleurs, cela permet également au CEID Addictions et au dispositif du Hangover Café d’être connus et identifiés par ces différents acteurs.

Les partenaires en intervention

Les services d’Urgence en lien avec la préfecture et l’ARS, interagissent fréquemment avec l’équipe du Hangover Café. Ces échanges permettent d’une part d’établir une relation de confiance dans laquelle le Hangover Café ainsi que ses activités sont connues et reconnues. D’autre part, cela permet de définir avec les partenaires dans quelles situations il est pertinent de les solliciter et d’améliorer la qualité des interventions.

Les policiers (municipaux, et nationaux) bordelais sont également en contact avec l’équipe du Hangover Café qui peut les solliciter lorsque la situation l’exige (agressions, vols, violences). Par ailleurs, le dialogue avec la police permet de s’accorder sur l’articulation entre patrouilles de police et activités du Hangover Café. Ainsi, en échangeant avec service de police et de la préfecture durant les commissions de Bordeaux La Nuit, le CEID.

Depuis 2017, chaque année, l’association UniCité met à disposition du CEID Addictions quatre volontaires en service civique qui interviendront sur le Hangover Café. Elle organise également des formations pour ces derniers (éduction civique, premiers secours).

Toujours depuis 2017, l’équipe du Hangover Café collabore avec l’Association Addictions France 33, et notamment Tendances Alternatives Festives. Ainsi, les deux équipes collaborent lors de leurs interventions sur l’espace public, mais aussi lors d’évènement plus spécifique comme la fête de la musique ou lors de soirées étudiantes. Les équipes s’entraident également lors de moments de fortes affluences en se répartissant les lieux d’intervention.

Principaux enseignements

Méthode d’évaluation

Afin d’évaluer le dispositif, l’équipe du Hangover Café rédigent des comptes-rendus qualitatifs au sein desquels sont recueillis les différents évènements importants apparus chaque soir.

Des comptes-rendus quantitatifs sont également rédigés, à l’aide de plusieurs indicateurs : le nombre de personnes rencontrées ; leur âge ; le nombre de soins, d’appels aux urgences et de tests d’alcoolémie réalisés ; le nombre de matériel distribué ; le nombre d’incidents (violences, altercations), le nombre d’orientations (vers les services d’addictologie, les plannings familiaux, le centre de dépistage dans le cadre de risques sexuels, les services de soutien psychologique, vers l’hôpital le plus proche). Ces comptes-rendus produits à la fin de chaque week-end sont partagés avec l’ARS de la Nouvelle-Aquitaine, la mairie de Bordeaux, la préfecture de la Gironde, Bordeaux métropole et les services de police, très demandeurs de ces retours. En effet, ces derniers s’appuient sur ces éléments afin d’affiner leurs connaissances des pratiques festives nocturnes, les usages, rythmes, tendances, ou encore pour déterminer s’il est utile d’intervenir sur de nouveaux lieux et de renforcer les équipes.

Résultats observés

En 2019, l’équipe du Hangover Café a :

  • échangé avec plus de 22 000 personnes, dont plus de 17000 ont 18/25 ans et 5000 ont 25/30 ans.
    • réalisé 74 actes de soin ont été réalisés.
    • réalisé 549 évaluations du taux d’alcoolémie
    • distribué comme outils de RDR : 280 carnets Roule ta paille, 141 Steribox, 4863 préservatifs, 30 kits Base.
    • L’équipe a contacté la police une vingtaine de fois.
    • 71 personnes ont été orientées vers le CSAPAA ou la CJC.

Il ressort des discussions avec les acteurs de la nuit concernés, les boîtes de nuit, les bars, les services d’urgence et le voisinage, des retours positifs qui invitent à poursuivre et renforcer l’action. Ces différents acteurs perçoivent un environnement plus apaisé et plus sûr. Par ailleurs, d’après l’équipe du dispositif, le Hangover Café a commencé à être repéré et connu par les jeunes usagers de la vie nocturne bordelaise après 3 ans de mise en œuvre. Il y a désormais un certain nombre d’habitués du dispositif qui viennent s’y reposer ou discuter avec l’équipe.

Il a également été constaté une diminution constante des demandes d’aide de retour au domicile par les jeunes rencontrés. Lors des discussions avec ces derniers, l’équipe du Hangover Café a ainsi noté qu’ils organisaient et anticipaient mieux le retour à leur domicile que lors du lancement de l’action.

Environ 40 personnes par an sont orientées vers les services d’urgence par l’équipe du Hangover Café. Ces derniers ont indiqué durant les commissions de Bordeaux la Nuit que le nombre d’interventions pour des situations dont ils n’ont pas la charge (blessures bénignes, fatigue importante) a baissé sur les lieux d’intervention du Hangover Café.

Leviers

Différents leviers contribuent ainsi à la réussite du Hangover Café : 

  • Des évaluations continues : Les évaluations hebdomadaires, communiquées régulièrement aux différents partenaires favorisent le soutien et la collaboration avec différents services municipaux, de police et préfectoraux, ainsi que la participation à des commissions sur la vie nocturne.
  • La collaboration avec les différentes parties prenantes permet au Hangover Café d’être plus facilement identifié et sollicité lors d’évènements festifs ponctuels (festivals, soirées étudiantes).
  • Les collaborations avec les services de la mairie et de la préfecture facilitent l’obtention d’autorisations et d’arrêtés nécessaires pour installer le bus.
  • De la mobilité : Le minibus permet de suivre les regroupements festifs et de s’adapter à leurs différentes temporalités et localisations.
  • De la convivialité : La musique, l’offre d’un cadre rassurant, où il est possible de s’hydrater et de se restaurer, ainsi que le savoir-faire des animateurs et des jeunes en service civique favorisent les mises en relation avec les publics.

Freins

Le principal frein relevé concerne les conditions de travail de nuit à l’extérieur, au contact d’un public largement alcoolisé, qui sont « usantes » et provoquent un fort turn-over des professionnels.

Pour répondre à cette difficulté, plusieurs stratégies ont été mises en place dont :

  • Les professionnels recrutés sont davantage des personnes jeunes, en capacité de travailler la nuit et de récupérer rapidement malgré un sommeil perturbé. Par ailleurs, les binômes des volontaires sont au nombre de quatre afin de pouvoir alterner : une intervention une semaine sur deux, et deux interventions la semaine suivante.
  • De multiples formations pour les professionnels encadrants ainsi que pour les volontaires en service civique sont proposées afin de pouvoir les intégrer dans d’autres activités du CEID Addictions.

[1] Page web de l’association CEID Addictions : https://ceid-addiction.com/

[2] Pour en savoir plus sur Festiv’attiude : https://www.bordeaux.fr/p48651/festiv-attitude

[4] Dernier rapport d’activité de la DAADD : https://issuu.com/daadd/docs/rapport_d_activit_s_daadd_2010-2012

[5] Recueil des actions en milieu festif (Alcool et Jeunes) mises en œuvre par les Villes-Santé OMS : http://www.villes-sante.com/wp-content/uploads/recueil_actions_VS_AJ_04_01_2017.pdf

[6] Natalie Castetz (2017), La prévention par les pairs dans l’accompagnement en addictologie (voir pour aller plus loin)

[7] Page Facebook du Hangover Café : https://www.facebook.com/MrHangoverByCeid/