Projet POWER : Promotion des dépistages Organisés des cancers autour de Wattrelos auprès des publics Eloignés des dépistages : vers une évolution des Représentations ?

Le projet POWER, porté depuis 2014 par Le comité du Nord de la Ligue Nationale Contre le Cancer, la Mutualité Française des Hauts de France et le lycée de Sévigné, a pour objectif d’augmenter le taux de participation au dépistage des cancers du sein et colorectal pour des personnes en situation de vulnérabilité.

Pour ce faire, entre 2014 et 2016, des actions de prévention et de sensibilisation ont été menées par les porteuses du projet au sein de structures partenaires accueillant le public cible. Depuis 2017, ce sont des étudiants et étudiantes en BTS Economie Sociale et Familiale du lycée de Sévigné qui réalisent les interventions, après avoir été formés, notamment par des intervenants du domaine. Des référents au sein des structures sont également mobilisés afin d’accompagner au mieux les élèves.

La volonté des porteuses du projet de travailler ensemble, dans le cadre d’une étroite collaboration, que ce soit pour l’élaboration, la mise en œuvre ou l’évaluation du projet, a opéré comme un « catalyseur » selon l’expression utilisée par les porteuses du projet.

Présentation de l’intervention

Présentation de la structure

Le Comité du Nord de la Ligue Nationale contre le Cancer (LCC-CN) est une association, située dans les Hauts-De-France, qui met en œuvre cinq missions principales : aide aux malades et aux proches, délivrance de soins de support, aide à la recherche, plaidoyer et développement d’actions de prévention. C’est dans le cadre de cette dernière mission qu’il réalise des actions de promotion de la participation au dépistage des cancers depuis de nombreuses années, dont le projet POWER.

Contexte

Le « Grand Tourcoing », et notamment les communes de Wervicq et Wattrelos, se caractérise par un faible nombre d’actions de prévention et de promotion du dépistage des cancers. De plus,  les taux de participation au dépistage du cancer du sein des femmes de ces territoires restent faibles : 53% de participation pour la ville de Wervicq, et 45% pour Wattrelos. Afin de répondre à cet enjeu, la LCC-CN, en partenariat avec la Mutualité Française Hauts de France (MFHF), a créé le projet POWER en 2014. De 2014 à 2017, des groupes de travail auxquels participaient des collectivités territoriales et des acteurs locaux de l’aide sociale, ont été mis en place. Ils avaient pour objectifs de :

  • renforcer le maillage territorial et la coopération entre les différents acteurs du territoires
  • mettre en œuvre des actions communes de promotion du dépistage (actions d’information et de sensibilisation, interventions au sein d’associations de tous types (aide alimentaire, de belote), de centres sociaux).

Cependant, après trois années de fonctionnement, les groupes ont fait face à deux principales difficultés :

  • Certaines communes étaient réticentes à organiser des actions de prévention et souhaitaient uniquement mettre en œuvre des actions ponctuelles sur leurs territoires. En effet, les responsables politiques locaux sont davantage portés sur d’autres problématiques telles que la précarité, l’insertion professionnelle, l’accès au logement, etc.
  • Les femmes qui participent aux actions de promotion organisées sont souvent déjà sensibilisées au dépistage des cancers. Après évaluation du projet, il s’est avéré que les personnes ne participant pas aux actions habitent éloignées des villes ou sont dans des situations de forte précarité.

Afin de répondre à ces problématiques, en 2016, les professionnelles de la LCC – Comité du Nord, de la MFHF, en partenariat avec le lycée Sévigné de Tourcoing, ont modifié en profondeur le projet POWER.

« La première année, on est resté sur Wervicq et Wattrelos, et on s’est rendu compte que les personnes rencontrées étaient, soit, pas dans la classe d’âge, soit déjà informées du dépistage, soit se dépistaient déjà, et qu’on n’apportait pas vraiment de plus-value. On s’est aussi rendu compte que les assos, les centres sociaux, n’avaient pas vraiment envie de faire de la santé communautaire, ni envie d’aller vers d’autres publics parce que c’était déjà dans leurs activités; ou alors, ils n’avaient pas le temps et l’énergie de développer ça. »

Caroline Cambon, chargée de prévention à la LCC-CN

 Objectifs

Pour répondre à l’objectif général du projet de contribuer à augmenter le taux de participation aux dépistages organisés des cancers (sein et colorectal) en allant-vers les publics en situation de précarité et/ou de handicap et éloignés des structures de santé, il a été prévu de former des futures conseillères en Economie Sociale et Familiale (ESF) du lycée de Sévigné afin qu’elles mettent en place des actions de promotion de la santé et travaillent en concertation avec les structures locales accueillant ces publics.


Calendrier

Principaux acteurs et partenaires

Plusieurs partenaires ont pris part au projet, mettant à profit leurs compétences et expériences :

Les partenaires pilotes du projet :

  • La Mutualité Française des Hauts de France (MFHF) a participé à l’élaboration, au pilotage et à la mise en œuvre du projet POWER. La chargée de projet de la MFHF a apporté au projet ses compétences en montage et gestion de projet, ainsi que sa connaissance des acteurs du territoires. A partir de 2020, le MFHF s’est retiré du projet, du fait d’une réorientation interne en ce qui concerne la gestion du temps dédié à des projets de promotion du dépistage.
  • Le lycée de Sevigné, et en particulier Mme Leduc, a également participé à l’élaboration, au pilotage et à la mise en œuvre du projet. Son rôle principal est de former et d’accompagner les étudiantes, de les mettre en relation avec les structures d’insertion, d’aide sociale et de superviser les interventions de promotion des dépistages des cancers. Mme Leduc a également recensé et contacté l’ensemble des structures des territoires ciblés afin de les recruter pour le projet.

Les structures partenaires, accueillant les interventions des étudiantes et les bénéficiaires visés par le projet :

  • Les professionnels des structures d’aide sociale, d’insertion, d’hébergement (CHRS), d’aide aux personnes ayant des handicaps mentaux, les épiceries solidaires du Grand Tourcoing (Secours populaire, Croix Rouge, Restos du Cœur) accueillent, conseillent et accompagnent les étudiantes[1] dans leur intervention, puis participent à leur évaluation. Ils ont également pour rôle de mobiliser les publics cibles de l’action.

Principaux éléments saillants

Émergence & élaboration du projet

Plusieurs éléments ont permis l’émergence de ce projet : d’une part, dans le cadre d’une précédente action, la LCC – CN a formé et accompagné des habitants-relais afin de promouvoir la prévention et la participation au dépistage du cancer du sein. D’autre part, Isabelle Leduc, responsable du parcours BTS « Conseiller en Economie Sociale Familiale » (CESF) au lycée de Sévigné de Tourcoing est une membre active de la LCC-CN depuis plusieurs années.

Dans le cadre de cette formation, Mme Leduc propose aux étudiantes de 3ème année d’intervenir au sein des structures accueillant des publics en situation de précarité. Elles y réaliseront des actions de prévention et de promotion de la santé dans le but de réduire les inégalités sociales de santé et promouvoir la participation au dépistage. Un autre objectif de ces interventions est l’expérimentation, sur le terrain, des méthodologies de l’intervention collective[2] pour les étudiantes.

Fort de cette expérience positive, et de l’articulation possible entre les objectifs du projet POWER et ceux de la formation en CESF, le lycée de Sévigné, la MFHF et la LCC-CN ont alors élaboré ensemble la seconde version du projet. Dans cette nouvelle monture, les étudiantes du lycée, futures conseillères en ESF, ont été accompagnées et formées dans le cadre du BTS CESF afin de mettre en place des actions de sensibilisation et de promotion de la participation au dépistage dans des structures d’aides sociales locales partenaires.

« La dynamique « projet », c’est ça qui m’a intéressée dans cette action : de ne pas faire des actions ponctuelles mais d’accompagner des jeunes. Voilà, le fait que ce soient des étudiants qui fait qu’il y a le double impact : au niveau des futurs professionnels qu’ils vont devenir, et au niveau des bénéficiaires des actions que font les étudiants. »

Caroline Cambon

Stratégies de mise en œuvre

Mobilisation des partenaires

Si dans un premier temps, en 2016, les étudiantes étaient chargées d’identifier elles-mêmes les structures pour les accueillir, il s’est avéré plus efficace que cette mission revienne aux porteuses de projet. En effet, les étudiantes limitaient leurs recherches à un nombre trop restreint de structures. De plus, lorsqu’elles contactaient directement des structures, elles recevaient de nombreux refus. Les responsables des structures justifiaient leurs décisions en évoquant la charge de travail supplémentaire que cela pouvait impliquer. Également, ces derniers n’étaient peu ou pas informés par les étudiantes du cadre global du projet et d’une possible inscription des actions dans le temps long.

Ainsi, dans un second temps, dès 2017, c’est Mme Leduc qui a directement contacté les structures partenaires dans lesquelles les étudiantes allaient intervenir. Elle a ainsi pu rencontrer les responsables des structures d’aide sociale du territoire pour leur présenter le projet. Elle a alors pu les rassurer sur leurs différentes inquiétudes, notamment concernant le temps d’accompagnement à fournir et sur le fait que les besoins spécifiques de leurs publics allaient être pris en compte lors de l’élaboration des interventions.

« La première année, c’est les étudiantes qui devaient rechercher une structure, et là, c’était trop lourd. Elles allaient parfois à la facilité en choisissant un centre social dans lequel elles avaient déjà fait un stage mais qui ne permettait pas forcément de rencontrer le public qui avait le plus de besoins d’information. Je rassure aussi les professionnels des structures sur le fait que les étudiantes vont être formées au niveau du contenu et accompagnées dans la démarche du projet. Je leur explique un petit peu tout ce qu’on fait pour qu’ils soient rassurés sur la qualité. Parce que c’est vrai que c’est un peu un terrain d’expérimentation pour les étudiantes, mais il n’est pas question non plus que leurs publics servent de cobayes. On a à cœur que ce qui leur est proposé soit de qualité. C’est quand même la santé qui est en jeu donc c’est sérieux. »

Isabelle Leduc, professeure au lycée de Sévigné

Pour identifier les structures partenaires, les responsables du projet ont utilisé plusieurs stratégies :

  • Le recensement de l’ensemble des associations d’aide sociale et du champ médico-sociale présentes sur le territoire du « Grand Tourcoing », et notamment les communes de Wervicq et Wattrelos.
  • La mobilisation de leur réseau. La LCC – CN et le MFHF réalisent depuis plusieurs années des actions de prévention auprès de nombreux acteurs du territoire. Par ailleurs, les étudiantes du lycée de Sévigné réalisent également des interventions au sein de structures d’aide sociale du territoire depuis de nombreuses années. Il y a donc de nombreuses relations historiques entre les structures responsables du projet et celles accueillant les bénéficiaires ciblés par les interventions.
  • La mobilisation des structures de coordination et de réseau tels que l’ARS, l’Atelier Santé Ville ou le Contrat Local de Santé qui sont au cœur du maillage territoriale et de l’articulation des projets de santé publique locaux.

Les étapes du projet

La mise en œuvre du projet suit un processus de 9 étapes. Il va de la présentation du projet aux étudiantes à l’évaluation de leurs interventions. Quatre séances spécifiques sont dédiées à accompagner les étudiantes dans la construction et la réalisation de séances de promotion du dépistage auprès de publics en situation de vulnérabilité et/ou de précarité.

Idéalement, l’objectif pour chaque binômes/trinômes est de mettre en œuvre au moins une intervention de promotion de participation au dépistage des cancers du sein et du colorectal au sein des structures partenaires. L’intervention à 2 ou 3 étudiants favorise le travail d’équipe, atténue le stress des premières interventions et allège le travail des référents.

Le cycle annuel des étapes du projet POWER, depuis 2017 :

Prise de contact et interventions dans les structures

Pour décider dans quelle structure les étudiantes vont intervenir, ces dernières en présélectionnent trois sur celles qui ont été recensées par Mme Leduc. Par la suite, elles hiérarchisent leurs vœux et argumentent leurs choix : pourquoi ce public, en quoi est-ce formateur pour elles, quel type d’intervention souhaitent-elles mettre en place ? avec quels outils ? Sur la base de ces éléments, Isabelle Leduc leur attribue la structure dans laquelle les étudiantes vont intervenir.

Pour les structures partenaires, il est demandé aux responsables de nommer un travailleur social référent qui accompagna les étudiantes. Ce dernier les aide à identifier et à mobiliser les groupes bénéficiaires des interventions, les introduit au sein de la structures et échangent avec elles afin de déterminer quelles interventions seraient les plus appropriées (quelles sont les niveaux de compréhension du public, quel niveau d’information donner, quels outils utiliser, quelles sont les principales difficultés qui pourraient subvenir).

Les outils ludiques, conviviaux et interactifs (sketch, jeux de plateau, quizz, ateliers, documents en Français Facile à Lire et à Comprendre, photolangage, etc.) sont les plus appréciés par les étudiantes, les professionnels et les bénéficiaires.

La LCC-CN et le lycée de Sévigné incitent les étudiantes à utiliser les outils fournis par les professionnels du CRCDC des Hauts-De-France ou par l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (IREPS) des Hauts-De-France[3]. De cette manière, les étudiantes découvrent les ressources déjà disponibles et peuvent dédier leur temps à d’autres aspects des interventions.

« Elles ont déjà été formées aux outils en BTS et elles sont assez à l’aise avec la conception des outils, elles aiment faire ça. Donc elles se réfugient un peu dans la facilité et elles ont tendance à, parfois, négliger les autres aspects, qui seraient plus formateurs : l’évaluation, la gestion, l’animation du groupe pour favoriser les échanges et, en favorisant les échanges, faire évoluer les représentations qu’il peut y avoir par rapport au dépistage »

Isabelle Leduc

Lorsque les étudiantes ont élaboré leurs interventions, Caroline Cambon et Isabelle Leduc préparent des mises en situation afin de tester et préparer les étudiantes.

« Une fois qu’elles ont bien avancé dans la préparation de leur intervention, Caroline Cambon revient au lycée et on leur propose des mises en situation. On prépare des personnages – donc chacun pioche un personnage : quelqu’un qui parle, quelqu’un qui peut poser des questions qui n’ont rien à voir – pour, aussi, la gestion du groupe, parce que c’est important : c’est des actions, quand même, la plupart du temps collectives. »

Isabelle Leduc

Déconstruire les représentations

La réalisation des interventions auprès des bénéficiaires permet de battre en brèche un certain nombre d’idées reçues que les étudiantes peuvent avoir sur ces derniers, et leur rapport au dépistage du cancer. Les interventions leur ont ainsi permis de constater sur le terrain que les refus et freins au dépistage peuvent être non seulement dus à un manque de connaissances, à des fausses représentations, à des inégalités sociales et/ou territoriales de santé, ou encore au souhait de ne pas se faire dépister après avoir évaluer la balance bénéfice/risque à l’aide des informations suffisantes[4].

« Elles ont vite partagé leurs représentations et leurs peurs d’intervenir auprès de ce public. Et on était quand même satisfaites de voir qu’elles étaient hyper contentes d’elles et que, au final, cette appréhension, elles avaient réussi à passer outre et qu’elles s’étaient senties utiles. Avoir réalisé cette formation fait qu’elles sont beaucoup plus sensibles, par rapports à d’autres étudiantes, sur le fait de pas être injonctifs, le fait de comprendre la personne. Elles ont moins de fausses représentations sur les publics en difficulté que d’autres étudiants qui ont l’impression, je schématise, que s’ils ne vont pas se faire dépister, c’est qu’ils ne comprennent pas ou qu’ils ne savent pas, alors que c’est pas obligatoirement le cas.»

Isabelle Leduc

Par ailleurs, les porteuses du projet et les étudiantes ont été confrontées à des professionnels pour qui « le mot « cancer » faisaient peur et le mot « dépistage » n’était même pas utilisé dans la structure ». Un travail préliminaire est alors réalisé par Mme Leduc pour sensibiliser les professionnels et pour « désamorcer » les craintes et réticences concernant la réalisation d’interventions sur le thème du cancer.

Articulation des évaluations des interventions des étudiantes et du projet POWER

Afin d’évaluer les interventions réalisées dans les structures, les étudiantes présentent les résultats de leurs interventions en classe. Elles exposent leurs projets puis expliquent et argumentent leurs démarches, le choix des outils et contenus utilisés, et présentent ce qui a marché ou non dans leurs interventions. Enfin, elles engagent un dialogue avec les autres étudiantes pour discuter de pistes d’amélioration possibles.

« La diversité des partenaires c’est bien, ça leur permet au moment où elles présentent oralement leur intervention à tout le monde de voir tout ce qui a pu se faire en termes de pédagogie, d’outils, en fonction des publics, et puis ce qui a plus ou moins bien fonctionné. Donc elles ressortent, je pense, enrichies de leur propre expérience mais aussi de l’expérience des autres. »

Isabelle Leduc

Les étudiantes rédigent également une « fiche de capitalisation » récapitulant les informations utiles pour les prochaines promotions du projet POWER : les caractéristiques de la structure et des bénéficiaires rencontrés, les freins et leviers de l’intervention, les outils utilisés, etc. Par ailleurs, cette évaluation est complétée par une évaluation qualitative réalisée auprès des professionnels des structures concernées par les étudiantes.

Afin de pouvoir compiler les résultats des différentes interventions avec les mêmes indicateurs et nourrir l’évaluation globale du projet, les porteuses du projet fournissent une trame d’évaluation préconstruite aux étudiantes. Les indicateurs mesurent notamment : le nombre d’intervention, de participants, de personnes dans la tranches d’âge, de personnes réalisant / ne réalisant pas leur dépistage, l’impact de l’intervention sur l’intention de réaliser le dépistage. Cette trame permet ainsi aux porteuses du projet, d’une part, de réduire le temps d’évaluation des interventions, et d’autre part, d’obtenir des résultats qui permettront de nourrir des demandes de financement pour améliorer le projet (intervenants extérieurs, outils d’intervention).

Lors de la mise en œuvre du projet POWER en 2016, les interventions réalisées par les étudiantes portaient sur plusieurs thématiques, en lien avec la prévention du cancer (nutrition, activité physique, promotion du dépistage). L’articulation de la thématique du cancer et de la réduction des inégalités sociales et territoriale de santé était au cœur de cette première monture. Cependant, du fait d’une trop grande variété d’interventions, l’évaluation et l’accompagnement des étudiantes étaient chronophage. Pour répondre à ces difficultés, les porteuses du projet ont réduit le périmètre d’intervention à celui du dépistage.

Principaux enseignements

Résultats observés

Depuis 2017, les étudiantes interviennent dans 8 structures, touchant au total environ 60 personnes chaque année. A la suite des interventions, les étudiantes se sentent compétentes et souhaitent réaliser le même type d’intervention lorsqu’elles seront professionnelles. De plus, plusieurs ex-étudiantes, désormais professionnelles, ont contacté les responsables du projet afin que de nouvelles promotions interviennent dans leurs structures.

« Elles évaluent leur projet et je leur refais passer le questionnaire pour savoir leur niveau de connaissance. Il baisse un peu avec le temps, mais par contre, le fait qu’elles soient intervenues améliore leur sentiment d’être en capacité d’intervenir. Elles ne se sentent pas du tout prêtes en début d’année, après la formation, elles se sentent beaucoup plus ; et après être intervenues, comme ça s’est bien passé, elles sont satisfaites et confiantes. »

Isabelle Leduc

 Freins et leviers

  • La mise en place d’évaluations annuelles du projet ont permis son amélioration continue.
  • La gestion des partenariats par les porteuses du projet facilite leur mise en place et leur pérennité.
  • Mme Leduc est bénévole à la LCC–CN depuis des années, facilitant le partenariat avec le lycée de Sévigné. Le plaisir des porteuses du projet à travailler ensemble est également un moteur fort du projet.
  • Dès la création du projet, les porteuses du projet ont l’entière confiance de leurs directions et bénéficient d’une forte autonomie : « On a la liberté de tâtonner, de prendre notre temps, de réajuster ».
  • Le projet POWER s’appuie sur la formation d’étudiantes CESF permettant de réduire fortement les coûts, pour les structures porteuses du projet et les structures partenaires accueillant les interventions, qui bénéficient d’interventions « gratuites ».
  • Le lycée de Sevigné, la LCC – CN et le MFHF sont connues et reconnues par les acteurs du territoire, facilitant les relations avec les structures partenaires sollicitées.
  • Le renouvellement chaque année d’interventions au sein des mêmes structures partenaires est difficile du fait des changements de professionnels et des réorganisations.
  • Le frein principal au bon déroulement du projet est la disponibilité des professionnels de terrain. En effet, un certain nombre de structures n’ont pas les moyens humains pour accompagner les étudiantes.
  • Il est difficile de récupérer les évaluations des interventions de la part des professionnels des structures partenaires, qui ont souvent peu de temps à y consacrer.

[1] La quasi-totalité des étudiants de cette formation étant des étudiantes, nous avons fait le choix d’accorder le terme au féminin.

[2] Pour aller plus loin, on pourra se référer à Legros, P. (2012). L’intervention sociale d’intérêt collectif entre action collective et management. Vie sociale, 2(2), 147-155. https://doi.org/10.3917/vsoc.122.0147

[3] http://www.drs-hdf.org/. Du fait d’une baisse de financements, le centre de ressources documentaires a fermé en 2020.

[4] Caroline Desprès, « Négocier ses besoins dans un univers contraint. Le renoncement aux soins en situation de précarité », Anthropologie & Santé [En ligne], 6 | 2013. URL : http://journals.openedition.org/anthropologiesante/1078