Présentation de l’intervention
Présentation de la structure
Le CENTRE MEDICAL DE LA PRAIRIE est une Maison de Santé qui a vu le jour en 2005 à Baume les Dames (25), une petite ville de 5 000 habitants sur les rives du Doubs, centre de la communauté de communes du Doubs Baumois regroupant 58 communes pour environ 16 000 habitants, et faisant partie de l’aire d’attraction de Besançon.
L’équipe médicale est composée de 9 médecins généralistes, 2 spécialistes (endocrinologue et rhumatologue), 2 sage-femmes, 4 infirmiers, une infirmière ASALEE, 2 podologues, une orthophoniste, une diététicienne et une psychologue.
Outre la missions primaire d’offre de soins de premiers recours, les équipes pluriprofessionnelle en exercice coordonné des Maisons de Santé proposent des actions d’éducation et de promotion de la santé à destination de ses patients et de la population. C’est ainsi que l’équipe du CENTRE MEDICAL DE LA PRAIRIE propose, entre autres, ces ateliers de parentalité.
Contexte et Objectifs
Devant la solitude des parents face à l’arrivée d’un premier enfant observée par les professionnels de santé, ceux-ci se sont mobilisés pour proposer un programme d’ateliers collectifs d’accompagnement à la Parentalité.
Ces ateliers, systématiquement animés par au moins deux professionnels de santé, visent à autonomiser et réassurer les parents ; leur apporter sérénité avec leur bébé.
Proposés depuis 2010, voyons comment ils ont fait leurs preuves, tant par leur intérêt auprès des parents, que par l’enrichissement mutuel des professionnels apporté par le format pluriprofessionnel de ces ateliers.
Principaux acteurs et partenaires
L’Agence Régionale de Santé a soutenu l’émergence du projet en apportant un appui financier à la réalisation des premières sessions.
La fédération régionale (ex FeMaSaC Franche-Comté, puis FeMaSCo – Fédération des Maisons de Santé et de l’Exercice Coordonné de Bourgogne Franche-Comté) à qui la gestion du FIR (Fond d’Intervention Régional) a été confiée a pris le relai.
La FeMaSCo-BFC vient en appui aux structures pluriprofessionnelles d’exercice coordonné en soins primaires :
- Aux côté de son équipe de salariés, ses facilitateurs formés, professionnels de santé issus du terrain, accompagnent les nouveaux projets de regroupements.
- La fédération éclaire les équipes sur les systèmes d’information – nouvelles technologies, logiciel métiers et construction d’indicateurs.
- Elle appuie les équipes pour la réalisation des actions de santé publique.
- Elle propose des supports de communication, informe, forme, et s’engage auprès des équipes dans des actions de recherche.
- Elle se joint aux autres fédérations régionales sous l’égide de la fédération nationale – AVEC Santé – pour développer la démarche qualité dans les équipes coordonnées de soins primaires.
Au sein de la Maison de Santé, l’équipe des intervenants sur les ateliers d’accompagnement à la parentalité est constituée d’un médecin généraliste, une sage-femme, une psychologue, une orthophoniste et un podologue.
Principaux éléments saillants
Élaboration du projet
Le projet est le résultat du travail commun de sept professionnels qui, pour répondre aux besoins exprimés par les parents, se sont réunis en soirées et ont mis sur la table ce que chacun pouvait apporter, avec ses compétences propres.
Les référentiels ont validé leurs propositions.
« … nous avons vu qu’il y avait des femmes, qui étaient vraiment dans la difficulté, et qu’on a voulu aider avec les informations qu’on pouvait leur amener. »
A Blessemaille, médecin généraliste
Stratégies de mise en œuvre
Le choix du format en ateliers collectif est apparu pour l’équipe comme le plus approprié pour faire passer les messages qu’elle souhaitait délivrer. Ce format permet également aux parents de pouvoir s’exprimer librement.
- Le recrutement se fait essentiellement par les sage-femmes, en interne, à partir des suivi de grossesse dans la patientèle de la MSP. Les groupes sont constitués avec 3 à 4 couples seulement (avec les animateurs et les bébés, cela représente déjà jusqu’à 18 personnes )
- Le temps des ateliers a pensé pour que les deux parents puissent être disponibles pour une écoute et participation active aux échanges entre parents et professionnels. Ils sont donc proposés le soir en semaine sur 1h30.
- Les sujets abordés sont multiples. Ils sont proposés par les intervenants dans leurs champs de compétences respectifs, et choisis par les parents exprimant leurs besoins, leurs craintes, leurs attentes.
- Les ateliers sont coanimés par au moins deux professionnels apportant chacun leurs compétences complémentaires sur les sujets abordés. Par exemple, le binôme Sage-femme/psychologue aborde les questions de la transformation du corps au cours de la grossesse, de la place du père, de l’angoisse liées à l’accouchement ou à la mort subite du nourrisson, apportant des éléments de réponse complémentaires sur l’anatomie, la physiologie, et un appui psychologique…
- Les parents eux-mêmes sont à l’origine de partage d’expérience, validé par la présence des professionnels.
- Les informations délivrées sont orales. Les ateliers sont basés sur la pratique et le geste. Ils sont également l’occasion de nombreux échanges d’expériences directement entre parents. Par choix, aucun support papier n’est laissé aux parents. En effet, par expérience, l’équipe se rend compte que les supports écrits ne sont pas utilisés. Il est donc plus important que les deux parents soient présents pour que l’apprentissage se fasse pendant les ateliers, et qu’une fois à la maison, ils sachent, à deux, retrouver les gestes partagés en groupe.
« On veut que les papas ET les mamans soient là… Et une des raisons… c’est que je leur dis : “Vous allez voir, le jour où vous allez être devant le sujet dont on a parlé, il y en a un qui va s’en rappeler et pas forcément l’autre. Et comme vous êtes deux, il y en a toujours un qui dit à l’autre” : “Ah oui mais rappelle-toi, il avait dit, ou elle avait dit… qu’on pouvait faire comme ça.” »
A Blessemaille, médecin généraliste
Déroulé des ateliers
Les ateliers reposent avant tout sur les compétences apportées par les professionnels intervenant à minima en binôme. Cela permet une harmonisation des discours, une complémentarité des apports, et indirectement, une montée en compétence des différents professionnels qui gagnent de l’expérience et du savoir de leurs collègues.
Ce discours commun se retrouve renforcé et enrichi, au-delà des ateliers, dans leur pratique quotidienne auprès des patientes.
« La pratique, c’est que déjà il y a une meilleure cohésion entre nous, effectivement on a le même discours, en ce qui concerne les différents thèmes… Parce qu’on travaille ensemble et qu’on sait ce que dit le collègue… Et puis… par rapport aux familles… Elles se sentent écoutées, entourées, elles ont des conseils, elles savent où trouver les ressources dont elles ont besoin…»
Catherine Zéhar, Sage-femme
Un questionnaire de satisfaction qui se veut simple est administré auprès de patients lors de la 5ème séance.
« il y a une fiche d’évaluation à la cinquième séance… Qu’on a souhaitée simple … C’était juste pour voir si les gens étaient contents… l’idée au départ c’était : « Est-ce que les gens sont contents, Est-ce qu’on leur apporte ce qu’ils étaient venus chercher ? » Et puis… Qu’est-ce qu’ils pensent qu’on peut améliorer. En fait, qu’est-ce qui est positif et qu’est-ce qui est négatif. »
A Blessemaille, médecin généraliste
Principaux enseignements
Résultats observés
Les retours des évaluations faites en 5ème séance montrent que l’objectif d’autonomisation des parents, leur capacité à aller chercher les ressources au besoin, leur plus grande sérénité, est atteint.
De ce fait, le projet a très peu évolué depuis le début, car il répond bien aux attentes des parents.
« Et il y a même eu encore plus, c’est que… Il y a des groupes qui continuent de se voir entre eux, sans nous… Des groupes qui sont constitués depuis le début et qui restent ; qui, pour les deux ans des enfants nous ont invités, une sage-femme et moi, à aller manger chez eux, avec tous les enfants et les couples. »
AB
L’équipe des intervenants est restée relativement stable depuis le début de l’action. Le remplacement de la psychologue n’a pas affecté son organisation.
Le discours n’a pas évolué en soit. Il s’est adapté aux éventuelles nouveautés et évolution des recommandations, et il est devenu plus fluide.
« …ça roule, c’est plus facile, … mais je peux pas dire que ce soit modifié. C’est plus fluide, … parce qu’on l’a fait plein de fois.Dès qu’il y a une nouveauté, c’est la base de notre travail… on rajoute ce qui est nouveau. »
AB
Freins et leviers
Le projet a, depuis le début, bénéficié d’un contexte favorable, sans difficulté de financement ou de renouvellement.
L’envie de l’équipe a été son principal moteur.
« …dans le sens où on s’entend super bien, donc c’était un vrai plaisir de travailler ensemble, et c’est pour ça que ça continue de marcher… On se sent bien et on a les mêmes discours, on travaille tous les jours ensemble… »
AB
Attention cependant à ne pas s’épuiser ! La disponibilité, le temps et l’énergie sont toujours un facteur limitant.
« Il y a eu une année où on s’est dit : « Là on en a trop fait. On a trop fait de groupes. »Et on s’est dit : « Ben voilà, on peut faire… Allez, cinq groupes par an, ça passe… Au-dessus, c’est trop compliqué. »
AB
Conditions de reproductibilité
Le projet développé à Baume les Dames a depuis inspiré d’autres groupes de parentalité, sur les Maisons de Santé de Grandfontaine (25) et Poligny (25).
Le transfert de compétences s’effectue par le biais de la FéMaSCo, grâce à la traçabilité des actions qu’elle accompagne et la possible mise en relation des équipes.
Les programmes et les modalités des ateliers sont sensiblement différents sur les autres sites, puisqu’ils reposent sur les équipes de professionnels locaux, et leur apports en fonction de leurs compétences propres.
Les clés de la réussite, dans la durée :
– Projet simple, bâtit en commun avec envie et motivation
– Convivialité du groupe
– Plaisir de travailler ensemble, tout en se préservant (éviter l’épuisement)